Français : réduire ses fautes d’orthographe (1)

Depuis quelques années, l’orthographe est laissée en “jachère littéraire”. Pourtant une copie de français, mais également d’anglais, de droit, d’économie, …, se doit d’être pauvre en fautes d’orthographe. La réalité est souvent bien différente, pour ne pas dire décevante ! Régulièrement, certains élèves cherchent à combler leurs lacunes grammaticales et orthographiques. Ainsi depuis le début de l’année, pas moins d’une douzaine de mes élèves ont manifesté cette envie. Y-aurait-t-il urgence ?

Cette série d’articles aura pour dessein de rappeler certaines évidences afin, non pas de ne plus faire de fautes (utopie littéraire selon moi), mais d’en limiter le nombre.

Au cours de mes études, un de mes maîtres d’école me tint ces propos : “si tu maîtrises le participe passé, tu élimines 1 faute sur 3 au minimum !”. Cette morale, je l’ai conservée. La voici rappelée ici.

Mais avant tout, il semble que nombre de personnes aient des difficultés à savoir si il faut utiliser l’infinitf ou le participe passé des verbes du premier groupe (ceux qui se terminent en ER).  Pour faire la distinction, il suffit de remplacer le verbe du premier groupe par un verbe du troisième groupe.

Exemple : j’ai mangé (ou manger peut-être) des pommes

j’ai pris (et non pas prendre) des pommes

Donc grâce à l’emploi d’un verbe du troisième groupe, on se rend compte immédiatement si l’on doit utiliser l’infinitif ou le participe passé.

Accord du participe passé employé avec l’auxiliaire être

Le participe passé employé avec l’auxiliaire être s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Jusque là rien de plus simple.

Exemple : les roses sont belles (qu’est-ce qui est “belles” ? Les roses : féminin pluriel.)

Si un phrase, ou une proposition, est constituée de l’association “avoir” et “été”, l’accord du participe passé suit la règle avec l’auxiliaire être, puisqu’il s’agit finalement de l’infinitif passé de ce dernier.

Exemple : les souliers ont été cirés. (Qui est-ce qui “ont été cirés” ? Les souliers : masculin pluriel).

 

Ajoutons un peu de difficulté. Lorsqu’un participe passé employé accidentellement avec être ne forme pas avec cet auxiliaire une tournure passive, le participe passé s’analyse seul. Il est attribut du sujet.

Exemple : sur les murs de ma cour, les rosiers blancs étaient fleuris (“fleuris” est attribut du sujet “les rosiers blancs” : masculin pluriel)

 

Petite subtilité, car la langue française n’en manque pas (c’est du reste ce qui fait son charme). Les participes passés du verbes qui se conjuguent toujours avec être (tomber, arriver, partir, …, ainsi que les participes passés des verbes passifs (être aimé, être fini, …) forment avec être un temps de ces verbes. Par conséquent, l’auxiliaire et le verbe ne doivent pas être dissociés dans l’analyse.

Exemple : la pluie est tombée toute la journée (est tombée est le passé composé de être tombé)

 

 

Accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir

Le verbe avoir n’est pas attributif. Par conséquent, le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir ne s’accorde jamais avec le sujet du verbe. Il s’accorde néanmoins en genre et en nombre avec le Complément d’Objet Direct (le fameux COD), quand celui-ci est placé avant le participe.

Exemple : les feuilles avaient jauni (Qu’est-ce qui “a jauni” ? Les feuilles : COD placé après le participe, donc pas d’accord)

Les amis qu’on a connus (Qu’est-ce qu’ “on a connu” ? Les amis : COD placé devant le participe, donc accord)

 

 

Accord du participe passé précédé de “en”

Le plus souvent, “en”est considéré comme pronom adverbial incertain, et donc invariable. Il ne rentre pas en compte dans l’accord du participe passé. L’intérêt de l’analyse doit se porter sur la présence et la position d’un complément direct.

Exemple : J’en ai reçu des réponses (pas accord puisque le COD est placé après le participe passé)

Des réponses, j’en ai reçues (Qu’est-ce que “j’ai reçues” ? Des réponses, donc accord car le COD est placé avant le participe)

 

Cas particulier : accord des verbes pronominaux

Dans la plupart des cas, le participe passé des verbes employés sous la forme pronominale (s’arranger, s’habituer, se couper, se battre) s’accorde en genre et en nombre avec le COD, quand celui-ci est placé avant le participe passé. Il faut donc remplacer l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir, et se poser la question qui ? ou quoi ?

Exemple : ils se sont lavé les mains (le verbe laver existe, donc il faut cherche le COD. Pas d’accord, car il est placé après le participe)

Les mains qu’ils se sont lavées (cette fois-ci, le COD est placé avant le participe, donc accord)

 

Comme parfois, cette règle souffre d’une subtilité : pour les verbes essentiellement pronominaux, c’est-à-dire les verbes n’existant qu’à la forme pronominale, le participe passé s’accorde avec le sujet du verbe.

Exemple : ils se sont enfuis (le verbe enfuir n’existe pas, donc s’enfuir est essentiellement pronominal, donc l’accord se fait sur le sujet “ils”)

 

Mais comme cela ne suffisait pas, il existe deux exceptions à cette subtilité (là, on entre dans la difficulté). Tout d’abord, le verbe s’arroger, bien qu’essentiellement pronominal, s’accorde en genre et en nombre avec le COD, si celui-ci est placé devant le verbe (les exceptions ont leurs limites). Bref, s’arroger utilise les règles des verbes pronominaux, et non pas essentiellement pronominaux !

Ensuite, le verbe s’entre-nuire, pourtant lui aussi essentiellement pronominal, dispose d’un participe passé invariable (comme quoi, les exceptions peuvent simplifier les accords).

 

 

Accord des participes passés placés devant un infinitif

En principe (et oui, il y aura des exceptions), le participe passé placé devant un infinitif s’accorde si le COD est placé devant le participe (condition 1) et que le COD soit le sujet de son infinitif (condition2).

Exemple : j’ai vu les enfants nager (pas accord, car la condition 1 n’est pas respectée alors que la condition 2 l’est)

les enfants, je les ai vus nager (accord, car les deux conditions sont respectées)

le voiture accidentée, je l’ai vu emmener (sous-entendu par la dépanneuse ! donc la condition 2 n’est pas respectée, donc pas accord)

 

 

Quelques exceptions d’exceptions !

Comme si cela ne suffisait pas, une dernière petite série d’exceptions !

Le participe passé du verbe faire est toujours invariable lorsqu’il est placé devant un infinitif.

Exemple : ma voiture, je l’ai fait réparer.

 

Le participe passé du verbe laisser est invariable lorsqu’il est placé devant un infinitif.

Exemple : ma sculpture, je l’ai laissé voir par tout le village

 

Comme vous pouvez vous en rendre compte, la règle (ou plutôt les règle) des participes passés est compliquée. Un petit conseil pour s’en sortir : pratiquez le souvent possible l’art de bien conjuguer les participes passés. Et surtout, rappelez-vous systématiquement les raisons qui vous obligent aux accords.

12 thoughts on “Français : réduire ses fautes d’orthographe (1)”

  1. Bonjour, j’ai un problème d’accord de verbe : doit-on dire “les irrégularités qu’il a découvert ou découvertes dans la comptabilité”, ainsi que “les discussions qu’ils ont couvert ou couvertes par les réserves d’usage” ? Merci de votre aide.

  2. bonjour
    j’aimerais savoir (je suis une femme) si dans cette phrase le verde demander s’accorde bien puisque le COD est avant

    Laure m’a demandée
    merci d’avance

  3. > Par Erika Moritz le 9 nov 2007

    Bonjour, j’ai un problème d’accord de verbe : doit-on dire “les irrégularités qu’il a découvert ou découvertes dans la comptabilité???,

    => on dit “les irrégularités qu’il a découvertes dans la comptabilité”
    => qu’est-ce qui a été découvert ? les irrégularités, donc accord avec le PP de la subordonnée

    ainsi que “les discussions qu’ils ont couvert ou couvertes par les réserves d’usage??? ? Merci de votre aide.

    => on dit “les discussions qu’ils ont couvertes”
    => cf 1ère réponse ;)

    ———————————————–
    Par baba-aissa le 4 déc 2007

    bonjour
    j’aimerais savoir (je suis une femme) si dans cette phrase le verde demander s’accorde bien puisque le COD est avant

    Laure m’a demandée
    merci d’avance

    => on dit “Laura m’a demandé (qqc)” mais “Laura m’a demandée (dans le cas où le “me” en question est une personne de sexe féminin)
    ex : Laura a demandé Sylvie
    Laura l’a demandée (donc même accord avec “me”)

    Au plaisir d’aider ;)
    CXielarkoknabo.

  4. Bonjour, question pour les puristes et les spécialistes des exceptions : “elle s’est fait mal aux pieds” ou “elle s’est faite mal aux pieds” ? La règle? personnellement je préfère la première solution, ma femme la seconde ….
    Merci beaucoup
    Guy

  5. Bonjour, comment accorder “pousser” dans la phrase suivante : Les raisons qui m’ont pouss(é; ées; é) à m’éloigner de l’entreprise ? Je suis une femme. Merci de votre aide. Isabelle.

  6. Ce sont ” les raisons qui m’ont poussée” les raisons ont pousser qqun de féminin à faire qqc, donc -ée ; si c’était un homme, ce serait -é.

    Les raisons ont vendu qui ? moi (femme) => -ée

    ;-)

  7. Elle s’est fait mal aux pieds car le COD est placé après le verbe ( elle a fait mal aux pieds à elle-même : le pronom réfléchi “s'” est COI donc pas d’accord avec le sujet…)

  8. pouvez vous me dire si cette phrase est correctement écrite???????????la soirée que martine et philippe avaient organisée m’a surprise.Merci

  9. Effectivement, on dit “elle s’est fait mal”. On n’accorde jamais un participe avec le COI.

    En revanche, je ne suis pas d’accord avec Cxielarkoknabo. Je pense qu’il faut écrire “les raisons qui m’ont poussé” et non “les raisons qui m’ont poussée”. Je m’explique :

    Principe : on n’accorde pas avec l’auxiliaire avoir.
    Exception : on accorde si le COD est placé devant le verbe.
    Exception à l’exception : on n’accorde pas s’il s’agit d’un sens figuré!!

    Les gens qui m’ont poussée dans le trou.
    Les raisons qui m’ont poussé à faire…

    “la soirée que martine et philippe avaient organisée m’a surprise” Pour ma part, je pense que cette phrase est correcte.

    Il m’a amenée à la gare.
    Cette explication m’a amené à choisir…

  10. Bonjour,

    Pouvez-vous me dire comment écrire le participe passé du verbe amener dans cette phrase :

    “elle a donc une récidive pleurale métastatique gauche qui vous a amenée à vous en occuper”

    Merci.

  11. Où puis-je trouver une règle de classement pour savoir si “LE” est une particule ou pas ?

    Merci à tous.

  12. j’ai un petit problème avec l’accord du verbe “retrouver” dans la phrase suivante;

    “Les trompettes se sont retrouvées écrites sous les cors dans cette partition d’orchestre.” Est-ce correct?

    Quelqu’un peut-il m’aider? D’avance merci.

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